Note d’orientation stratégique – ODIEP
Un système éducatif profondément transformé
En quelques décennies, l’enseignement supérieur français est passé d’un modèle élitiste à un modèle massifié. Aujourd’hui, plus d’un jeune sur deux âgé de 25 à 34 ans est diplômé de l’enseignement supérieur, contre un sur cinq au milieu des années 1970.
Cette évolution, porteuse d’un indéniable progrès social, a cependant profondément modifié la valeur relative des diplômes sur le marché du travail.
Le diplôme, autrefois marqueur de distinction, est devenu un prérequis largement partagé. Cette inflation des niveaux de qualification a entraîné un allongement généralisé des études, sans création équivalente de postes correspondant aux niveaux de formation atteints.
Le paradoxe de la massification
La démocratisation de l’accès aux études supérieures a fait émerger un phénomène bien identifié par les économistes : chacun poursuit des études toujours plus longues afin de ne pas être désavantagé, contribuant collectivement à une perte de valeur relative du diplôme.
Ce mécanisme alimente :
- une concurrence accrue dans certaines filières,
- un déplacement continu du « niveau minimum requis »,
- un décalage croissant entre diplômes obtenus et emplois occupés.
Les enquêtes récentes montrent ainsi qu’une part importante des diplômés estime que leur formation est insuffisamment adaptée à leur emploi, en particulier dans les filières très demandées mais faiblement créatrices d’emplois qualifiés.
L’ACCÈS AU BAC PROGRESSE FORTEMENT
Proportion de bacheliers dans une génération, en %
1985 : 29,4
1995 : ~60
2005 : ~65
2015 : ~75
2023 : 79,6
Sources : MEN-Dep, Insee, ministère chargé de l’Agriculture.
LES ÉTUDES S’ALLONGENT
Nombre de diplômés du supérieur délivrés dans les principales filières
(indice base 100 en 1985)
- BTS : 437
- Université bac +3 : 419
- Université bac +5 : 555
- Écoles d’ingénieurs : 333
- Écoles de commerce (hors apprentissage et formation continue) : 598
Source MESR
Des attentes professionnelles souvent déçues
Le diplôme de niveau bac +5 demeure globalement protecteur contre le chômage. Toutefois, il ne garantit plus systématiquement :
- un niveau de rémunération conforme aux attentes,
- des conditions de travail valorisantes,
- ni la reconnaissance sociale associée au temps et aux ressources investis dans le parcours de formation.
L’insatisfaction professionnelle tend à augmenter avec l’entrée dans la vie active, traduisant un décalage entre les représentations construites durant les études et la réalité du marché du travail.
Des déséquilibres persistants entre filières
Certaines formations universitaires connaissent une forte attractivité, avec un nombre très élevé de candidats pour un nombre limité de places, sans débouchés proportionnels.
À l’inverse, des secteurs essentiels à l’économie française — industrie, ingénierie appliquée, maintenance, BTP, technologies — peinent à recruter durablement.
Ce déséquilibre s’explique en partie par des représentations sociales encore très marquées, qui valorisent les formations académiques généralistes au détriment des parcours scientifiques, techniques et professionnalisants.
L’accélération technologique : un facteur de rupture
À ces évolutions s’ajoute l’impact de la transformation technologique. Sous l’effet de l’automatisation et de l’intelligence artificielle, la durée de vie des compétences techniques s’est considérablement réduite.
Le diplôme initial, s’il demeure important, ne peut plus constituer à lui seul une garantie de stabilité professionnelle sur le long terme.
Dans ce contexte, la capacité à s’adapter, à se former en continu et à construire des trajectoires professionnelles évolutives devient déterminante.
L’orientation, un enjeu stratégique majeur
Ces constats appellent une transformation profonde des pratiques d’orientation.
L’orientation ne peut plus être tardive, fondée uniquement sur les résultats scolaires ou sur le prestige perçu des formations. Elle doit devenir :
- précoce,
- progressive,
- informée par une connaissance fine des réalités économiques et professionnelles,
- centrée sur la cohérence des trajectoires plutôt que sur l’accumulation de diplômes.
L’approche ODIEP
ODIEP s’inscrit dans cette exigence de lucidité et de responsabilité.
Le cabinet accompagne les élèves, les étudiants et les familles dans la construction de parcours d’orientation réalistes, cohérents et durables, en s’appuyant sur :
- l’analyse approfondie des profils cognitifs, motivationnels et personnels,
- une connaissance actualisée des filières, des débouchés et des trajectoires professionnelles,
- une approche indépendante, dégagée des logiques de prestige ou de reproduction sociale.
L’objectif d’ODIEP n’est pas de promouvoir un type de parcours au détriment d’un autre, mais d’aider chacun à faire des choix éclairés, assumés et évolutifs, en tenant compte à la fois de ses aspirations et des réalités du monde professionnel.
Conclusion
La massification de l’enseignement supérieur constitue une transformation majeure de la société française.
Elle rend plus que jamais nécessaire une orientation stratégique, fondée sur la compréhension des mutations économiques, technologiques et sociales.
Dans un monde où les compétences évoluent rapidement, le véritable enjeu n’est plus seulement l’obtention d’un diplôme, mais la capacité à construire une trajectoire professionnelle cohérente et adaptable.
C’est cette ambition qu’ODIEP place au cœur de son action.